Tribune - Pour une écologie heureuse
Pour une écologie heureuse
L’écologie mérite mieux que des ayatollahs aux idées abrasives.
En un an, les maires verts ont fait beaucoup de tort à la cause qu’ils sont supposés défendre. Leurs faux pas à répétition prêteraient à sourire, si l’anecdotique ne cachait une radicalité idéologique démobilisatrice. Le mal est fait. L’écologie politique, qui avait le vent en poupe depuis 2019,
est déjà en recul. Les Français n’ont pas envie d’une dictature verte.
Faute d’avoir su tracer un chemin clair et équilibré, Emmanuel Macron a lui-même entretenu la confusion, en adoubant sans ciller les propositions parfois baroques de la Convention citoyenne, puis en agitant le hochet de l’inscription de la lutte climatique dans la Constitution. Un gadget.
C’est dommage. L’écologie ne peut avancer sur des artifices. Elle a besoin de pragmatisme. D’efficacité, sans rigidité. Les Français, dans leur grande majorité, sont convaincus de la nécessité de nouveaux modes de vie, pour peu qu’on leur en donne les moyens, sans les enfermer dans des diktats infantilisants.
L’Etat doit y prendre sa part. En fixant d’abord une ligne stratégique lisible quant à notre futur mix énergétique. La France ne peut sacrifier trop vite son parc nucléaire, par pur dogmatisme, alors que les énergies alternatives ne suffiront pas à assurer notre indépendance dans un avenir proche et
que l’installation d’éoliennes à tout bout de champ commence à irriter.
Une écologie du pas de la porte
La protection de l’environnement passe par une stratégie ajustée aux territoires. Une écologie du pas de la porte, pour ainsi dire. L’exode rural est derrière nous. Accentué par les confinements, un mouvement retour s’est dessiné. Les Français ont envie de revenir aux sources. Ils veulent se réapproprier leurs campagnes, leurs montagnes, en respirer les parfums, en faire fructifier la terre de leurs mains, y vivre au plus près de la nature. Cette démarche répond à une double aspiration : protéger la planète et l’avenir des générations futures, mais aussi vivre mieux, ici et maintenant. Cela implique une écologie qui ne soit ni incantatoire ni dictatoriale, mais qui concilie efficacité, modernité et bien-être. Les toilettes au fond du jardin ne représentent pas un idéal. La conscience écologique a ses limites.
Je crois à une écologie de progrès. Une écologie qui marie la protection de la planète, un développement économique maîtrisé et une forme de douceur de vivre, dans une approche volontariste mais apaisée.
Elle appelle une multitude d’actions de proximité déjà à l’œuvre : mobilités douces ; multiplication des circuits courts pour généraliser une alimentation locale, de qualité et accessible à tous ; rénovation énergétique systématique des bâtiments ; déploiement réfléchi des énergies renouvelables, etc.
Sur le territoire maralpin, nous œuvrons ainsi à retisser un lien étroit, via notre Projet alimentaire territorial (PAT), entre les producteurs locaux et les cantines : en 2020, 230 tonnes de fruits et légumes ont de cette façon été livrées dans nos collèges en circuits courts. Nos agriculteurs alimentent, de la même manière, plusieurs EHPAD. Et ce n’est qu’un début.
Parce que la sauvegarde de l’environnement et l’essor économique ne sont pas antinomiques, le Département des Alpes-Maritimes promeut aussi un tourisme durable. Autour d’une offre de balades oxygénées sans cesse étoffée, ce tourisme exemplaire s’incarne, de façon spectaculaire, dans la Réserve internationale de ciel étoilé Alpes Azur Mercantour, appelée à figurer dans le top dix mondial des plus beaux lieux d’observation du ciel étoilé de la planète.
Une écologie couplée à la modernité
Je ne saurais, enfin, évoquer la protection de notre patrimoine naturel sans y associer l’apport du numérique, qui ouvre moult possibilités de s’installer, d’étudier, de travailler et même d’être soigné dans des zones jusqu’ici délaissées. Les campus connectés et autres espaces partagés, par exemple, sont un formidable atout au service de l’égalité des chances et des territoires.
Les outils du numérique aujourd’hui, de l’intelligence artificielle demain, vont nous permettre un réaménagement raisonné du territoire, conciliant une écologie positive, créatrice d’emplois et source de bien-vivre. C’est le sens du double projet, Green Deal et Smart Deal, que je porte depuis 2017 : le progrès numérique au service de l’environnement et… des Hommes.
Là où la maladresse clivante de certains assimile l’écologie à une marâtre, je suis convaincu qu’on peut préserver nos terroirs tout en les développant harmonieusement. La lutte contre le réchauffement climatique est affaire d’adhésion, non de coercition. Par nature, le Français n’aime pas être brusqué. Cela ne l’empêche pas d’avoir intégré la nécessité de la transition verte, sur un chemin vertueux et balisé qui soit, aussi, un chemin consenti et heureux.